Voulez-vous savoir combien leur vie est courte ?
Voyez combien ils désirent la prolonger
Des vieillards décrépits demandent les mains jointes quelques années de plus
Et se font plus jeunes qu’ils ne sont
et se berçant de ce mensonge
Ils le soutiennent aussi hardiment que s’ils pouvaient tromper le destin
Mais si quelque infirmité vient leur rappeler leur condition mortelle
Ils meurent remplis d’effroi
Ils ne sortent pas de la vie
Ils en sont arrachés
Ils s’écrient qu’ils ont été insensés de n’avoir pas vécu
Que si seulement ils réchappent de leur maladie
Comme ils vivront dans le repos !
Et reconnaissant la vanité de leurs efforts pour se procurer
Des propriétés dont ils ne pourront pas jouir
Ils voient en conséquence combien
Tous leurs travaux ont été inutiles
et stériles
Mais pour celui qui l’a passée loin de toute négoce
combien la vie n’est-elle pas longue
Rien n’en est sacrifié
Ni donné à l’un ou à l’autre
Rien n’en est livré au hasard
Perdu par négligence
Retranché par gaspillage
Rien n’en demeure superflu
Tous ses moments sont
pour ainsi dire
Placés avec intérêts
Aussi courte qu’elle est elle est plus que suffisante
et alors
Lorsque le dernier jour arrive
le sage n’hésite pas à aller vers la mort
Sans aucun regret
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