Peut-il y avoir pour les hommes
De préoccupation plus importante que celle d’améliorer l’existence ?
(je parle ici de ceux qui se disent prudents
et y travaillent le plus)
On les voit arranger leur vie aux dépens de leur vie même
S’occuper d’un avenir éloigné alors que différer
C’est perdre une belle part de vie
Tout délai commence par nous dérober le jour actuel
Tout en nous promettant l’avenir il nous enlève le présent
Ce qui empêche le plus de vivre
C’est l’attente qui s’en remet au lendemain
Vous en perdez le jour actuel
Et vous disposez de ce qui est encore dans les mains du sort
Tandis que ce qui est dans les vôtres vous le lâchez
Quel est votre but ?
Jusqu’où s’étendra votre espérance ?
Ce qui est dans l’avenir est toujours incertain
Vivez dès maintenant toutes vos heures
C’est ce que vous crie le plus grand des poètes
Et comme par une inspiration divine
Il vous adresse cette maxime salutaire :
Le jour le plus précieux pour les malheureux mortels
Est le premier à s’enfuir dit-il
Pourquoi attendre ?
Pourquoi hésiter ?
Si vous ne saisissez pas cet instant il s’envole
Et quand bien même vous le tiendriez il s’échappera
Il faut donc combattre la rapidité du temps par la rapidité à en user
C’est un torrent vif qui ne va pas couler toujours
Hâtez-vous d’y puiser
Admirez comment pour vous reprocher vos pensées vagues
Le poète ne dit pas
La vie la plus précieuse mais
le jour
Face à ce temps qui fuit si rapidement
Eloignez-vous de cette sécurité
De cette nonchalance
De cette manie d’organiser au gré de votre appétit une longue suite de mois et d’années
Le poète
Lui
Il ne vous parle que d’un jour
Et d’un jour qui passe
Alors n’en doutez pas
Le jour le plus précieux est celui qui le premier échappe aux mortels malheureux
Aux mortels affairés
Et qui
Enfants encore jusque dans la vieillesse
y viennent sans préparation et démunis
Ils n’ont rien prévu
Ils y sont tombés
dans la vieillesse
Soudainement
Sans s’y attendre
Ne l’ayant pas vu chaque jour plus proche
Un récit
Une lecture
Ou le divertissement intérieur de leurs pensées trompent les voyageurs sur la longueur du chemin
Et ils s’aperçoivent qu’ils sont arrivés
Avant d’avoir songé qu’ils approchaient
Et c’est comme sur le chemin continu
Et rapide de la vie
Nous le parcourons d’un pas égal
Dans la veille comme dans le sommeil
Et occupés comme nous le sommes
Nous ne nous en apercevons qu’à la fin
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